Et si la polyvalence n’était pas un défaut ?
On nous a souvent répété qu’il fallait choisir. Se spécialiser, se stabiliser, se définir. Pourtant, il y a des parcours qui donnent envie de répondre autrement.
Ces derniers temps, je me suis surprise à regarder avec attention le chemin de Pierre Niney. Pas seulement pour son jeu d’acteur remarquable, mais pour ce qu’il incarne plus largement : une liberté de mouvement, une aisance à passer d’un univers à l’autre, sans jamais perdre de cohérence. Et ça m’a fait réfléchir.
Caméléon sans se perdre

Il y a chez lui une capacité rare à habiter des rôles très différents avec une même intensité. D’un biopic exigeant à une comédie absurde, d’un drame historique à un sketch sur Instagram, Pierre Niney ne semble jamais “à côté”.
Ce n’est pas qu’il fait tout, c’est qu’il fait chaque chose à fond, avec une forme d’intelligence de jeu et d’élégance qui rend cette polyvalence fluide, naturelle, crédible.
Il ne s’excuse pas d’exister à plusieurs niveaux à la fois. Il ne cherche pas à se faire oublier d’un rôle à l’autre. Il assume le passage, il le travaille, il le rend organique.
En un seul souffle
Ce qui me frappe chez lui, c’est aussi cette façon de manier l’humour avec précision, sans jamais perdre de vue la sincérité. Que ce soit dans une imitation (géniale) ou dans un rôle dramatique, il y a toujours une forme de justesse. Une maîtrise du rythme, une lecture fine des émotions.
Ce n’est pas de la “performance”. C’est du travail, de l’écoute, une sensibilité réelle. Il donne cette impression qu’il est toujours exactement là où il faut, sans forcer.
Et quelque part, ça donne envie de croire qu’on peut être plusieurs à la fois : drôle et sérieux, léger et profond, créatif et structuré. Et que ça ne décrédibilise rien.

Ce que ça réveille chez moi
Je ne suis pas comédienne, mais je comprends ce besoin de ne pas se restreindre à une seule case.
Dans mon parcours, j’ai souvent eu l’impression qu’on me demandait de “choisir” : entre le pro et le créatif, entre le terrain et le concept, entre l’image et le mot.
Mais à force de travailler sur des projets variés j’ai compris que cette polyvalence était une force.
Pas parce qu’elle impressionne, mais parce qu’elle me permet de m’adapter, d’apprendre vite, de faire des liens entre des choses que beaucoup cloisonnent.
Et je crois que ce qui m’inspire chez Pierre Niney, c’est justement ça : la liberté de ne pas choisir entre ses facettes, à condition de les assumer pleinement.
Et si c’était ça, le vrai professionnalisme ?
Peut-être qu’être professionnel, ce n’est pas forcément se spécialiser à outrance.
Peut-être que c’est cultiver l’exigence, quel que soit le terrain.
Être rigoureux dans son approche, même quand on change de forme ou de registre. Se rendre crédible partout, sans jamais se travestir.
Alors oui, je crois que la polyvalence peut être dérangeante – surtout quand on est jeune, qu’on se cherche, qu’on apprend encore. Mais elle n’est pas un défaut. Elle peut devenir une signature.
